mardi 29 octobre 2013

> Le palais de marbre

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[…]
Le bruit court que Robert Walser mène une vie de petit-bourgeois, de fainéant et de patachon au lieu de « lutter ». Les politiciens sont mécontents de moi. Mais que veulent donc les gens ? Et qu’obtient-on de grand et de bon grâce à des articles de journaux et de revues ? Quand le monde sort de ses gonds, l’effort de vingt mille Hamlet furieux ne sert pas à grand-chose, ou même à rien. Je lis chaque jour un peu de français parce que cette langue est si jolie. Suis-je pour autant une crapule ? Et il me faut, pour mon bon plaisir, aller tous les jours un peu me promener dans la campagne hivernale. Est-ce que je prouve par là mon indifférence à tant de souffrance ? Je crois que vous, vous précisément, mieux qu’aucun autre, comprenez très bien pourquoi j’aime à rester silencieux et pensif. Je vous salue bien amicalement, du palais de marbre dans lequel je vis, votre
                                                                                                                           Robert Walser




(Lettre à Hermann Hesse du 15 novembre 1917)















Robert Walser, Lettres de 1897 à 1949. Editions Zoe. 2013. Traduit de l‘allemand par Marion Graf.


 

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